Vidéo du débat de la Commission des lois sur notre pétition
Mercredi 29 mai 2024, la Commission des lois de l’Assemblée nationale a étudié notre pétition.
Conclusion de madame la rapporteure :
« …je pense que nous sommes tous d’accord pour souligner le fait qu’il y ait un vrai « dialogue » qui se soit instauré entre la commission des lois et les auteurs de cette pétition, que les auteurs de ladite pétition ont évolué, on fait évoluer leur texte, et évidemment, c’est une très bonne chose. Ça montre que c’est un vrai sujet et que la question de la représentativité du peuple et de la possibilité de lui donner fréquemment la parole est un vrai sujet sur lequel on doit travailler. […] évidemment que notre démocratie n’est pas parfaite, qu’elle doit s’améliorer. »
Cependant, sans trop d’arguments, à part une potentielle opposition Peuple/Parlement et un nombre de signatures faible par rapport à l’importance du sujet, elle a demandé le classement… empêchant ainsi la récolte de signatures supplémentaires (logique non ? ).
Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire pour les prochaines :
SIGNEZ ET FAITES SIGNER MASSIVEMENT LES PÉTITIONS
En attendant, bon visionnage et bonne lecture !
Contexte
Suite au classement sans suite de notre première pétition (du 17 novembre 2022) en avril 2023, nous avons décidé de ne pas en rester là. Nous avons déposé (le 1er mai 2023) une nouvelle pétition prenant en compte la majorité des arguments évoqués par la Commission et avec un nouvel exposé des motifs afin de poursuivre l’échange d’arguments. Suite au classement de cette seconde pétition, nous en avons déposé une troisième, répondant cette fois à la totalité des arguments des commissions précédentes. Celle-ci a, sans surprise, été classée par la commission le 29 mai 2024. Mais, cette fois, nos efforts de « dialogue » ont été clairement reconnus.
Cet espace de pétition est le seul espace de dialogue public entre les citoyens et les députés, nous en profitons donc pour les pousser dans leurs retranchements, ce qui fonctionne plutôt bien. Il n’y a pas de raison d’en rester là. Tant que cela nous est possible, d’autres pétitions suivront…
📄 Exposé des motifs de la 3e pétition
Pétition pour le RÉFÉRENDUM D’INITIATIVE CITOYENNE CONSTITUANT
amendée après 2e passage en commission
12/12/2023 – Identifiant: N°2082
Mesdames, Messieurs les députés,
Le 11 octobre 2023, la commission des lois a examiné, puis classé la pétition n°1559 pour un RIC Constituant. Cette pétition était une proposition amendée suite aux remarques soulevées lors de l’examen d’une précédente pétition. Nous souhaitons rester dans cet esprit de dialogue fructueux. C’est pourquoi nous soumettons aujourd’hui cette nouvelle version qui prend en compte les préoccupations exposées par la commission en octobre. Si certaines modalités de cette proposition vous semblent imparfaites, nous vous invitons à soutenir sa poursuite vers un examen à l’Assemblée, afin que ces modalités puissent être débattues et amendées dans l’hémicycle.
Toutefois, compte tenu des approximations et contrevérités entendues durant les précédents traitements de nos propositions, afin d’éviter tout nouveau malentendu sur nos modalités et nos intentions, nous souhaiterions que nos experts soient invités à la réunion qui traitera de la présente proposition, comme le prévoit l’article 148 du règlement de l’Assemblée. Aussi, nous souhaitons que le détail des votes soit publié, conformément à la décision du Conseil constitutionnel n° 2009-581 DC du 25 juin 2009.
– Exposé des motifs –
L’article 6 de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen consacre le droit des citoyens de concourir “personnellement” à la formation de la loi. L’article 2 de la Constitution consacre le principe de gouvernement “par le peuple” et l’article 3 consacre l’exercice de la souveraineté nationale, qui appartient au peuple notamment “par la voie du référendum”.
Nous, très large majorité des citoyens selon tous les sondages, souhaitons l’instauration du RIC constituant, une procédure qui a fait ses preuves de par le monde, afin que ces proclamations ne soient plus théoriques, mais mises en pratique et incarnées dans un nouveau droit politique, celui d’un peuple réellement souverain.
Prises en compte des remarques de la commission
Mme la Rapporteure a pensé que notre proposition écartait le Parlement de la procédure. Il n’en est rien et ce n’est pas notre volonté. Dans notre article 89, le Parlement n’est pas exclu, il reste l’acteur principal. Notre proposition ne vise qu’à élargir l’initiative aux citoyens, à aucun moment il ne s’agit d’en priver le Parlement. De plus, les parlementaires ne sont pas exclus de l’initiative citoyenne, ils sont des citoyens à part entière. Ils peuvent donc, comme les parlementaires le font en Suisse, déposer une initiative citoyenne, récolter des signatures et soumettre leur proposition à référendum. Notre proposition ne prive pas le Parlement de l’initiative, au contraire, elle donne aux parlementaires, même minoritaires, l’occasion d’en appeler à l’arbitrage démocratique des citoyens.
Cette fois, sur les conseils de la commission, nous introduisons la possibilité d’une contre-proposition parlementaire, comme c’est le cas en Suisse.
Mme la Rapporteure, ainsi que d’autres députés, y compris parmi ceux s’étant prononcés en faveur de l’examen à l’Assemblée, ont estimé qu’il était nécessaire de pouvoir réviser la Constitution sans référendum pour les modifications techniques, complexes, ou juridiquement nécessaires. Il va de soi qu’il ne s’agit pas d’une volonté de réformer la Constitution contre la volonté des citoyens. Nous avons donc réintroduit la procédure du Congrès pour les projets correspondant à ces critères.
Le contrôle par le Conseil constitutionnel a également fait naître des craintes quant à l’insuffisance du délai prévu et l’éventualité d’une saturation du Conseil par des propositions peu sérieuses. Nous comprenons ces arguments et avons donc revu la procédure de soumission des initiatives au Conseil, afin d’écarter ces risques.
Pour finir, le seuil de signatures a semblé trop faible à la Mme la Rapporteure, qui a justifié cela par l’incohérence d’un seuil plus élevé pour une loi ordinaire (art.11) que pour l’adoption d’une loi constitutionnelle. C’est juste, mais comme l’a très justement souligné le Conseil constitutionnel dans sa décision du 18 juin 2020 : “la procédure reste dissuasive […] le nombre de soutiens à atteindre est très élevé (environ 4,7 millions)”. Ceci est confirmé par M. Macron, qui a proposé dès 2019 dans son projet “pour un renouveau de la vie démocratique” de réduire drastiquement ce seuil à 1 million. Nous proposons donc qu’il en soit de même pour l’initiative des révisions. En effet, dans toute l’histoire de France, seules 7 pétitions ont atteint un tel seuil, il semble donc que ce soit un seuil plus que raisonnable pour éviter toute utilisation intempestive de la procédure.
Merci pour votre attention et votre examen de ces nouvelles modalités.
📄 Proposition de loi constitutionnelle de la 3e pétition
– Modifications –
Les 5 critiques procédurales émises par la commission :
– Exclusion du Parlement
– Impossibilité de révisions techniques sans référendum
– Risque de révisions inconstitutionnelles à cause du délai de contrôle
– Risque d’un trop grand nombre de propositions soumises au Conseil constitutionnel
– Seuil de signatures trop faible
Voici comment la nouvelle proposition répond à ces critiques :
– Inclusion du Parlement
Comme suggéré par la commission
Ajout d’une possibilité de contre-proposition parlementaire (.6)
– Possibilité de révisions sans référendum
Comme suggéré par la commission
Réintroduction de l’approbation de révisions par le Congrès (.10)
– Impossibilité de révisions inconstitutionnelles
Allongement du délai de contrôle du Conseil constitutionnel (.4)
– Diminution du nombre de propositions soumises au Conseil constitutionnel
Ajout d’un seuil de signatures avant soumission (.4)
– Augmentation du seuil de signatures
Comme suggéré par la commission
Augmentation du seuil à 1 million (.5)
– PROPOSITION –
En gras : modifications apportées à l’actuel article 89 En gras souligné : modifications apportées à la précédente proposition |
L’article 89 de la Constitution est ainsi révisé :
.1
L’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au Président de la République sur proposition du Premier ministre, aux membres du Parlement et aux citoyens.
.2
Le projet ou la proposition de révision, à l’exception des propositions d’initiative citoyenne, doit être examiné dans les conditions de délai fixées au troisième alinéa de l’article 42 et voté par les deux assemblées en termes identiques.
.3
Lorsque la proposition de révision est d’initiative citoyenne, elle doit mentionner l’identité du ou des porteurs de l’initiative, le titre, le but de la proposition et l’amendement de la Constitution entièrement rédigé.
.4
La proposition de révision d’initiative citoyenne est déposée auprès du Conseil constitutionnel après le recueil de 50 000 signatures de citoyens sur papier libre. Les signatures doivent être accompagnées des noms d’usage, prénoms, dates de naissance et adresses des signataires. Le Conseil constitutionnel dispose d’un délai de 2 mois à compter du dépôt pour contrôler la validité des signatures et statuer sur sa conformité aux alinéas 11 à 13 du présent article. À l’issue de ce délai, la proposition est considérée comme valide. La proposition valide est publiée officiellement et est accompagnée d’un support papier et numérique où les citoyens peuvent apporter leur soutien. En cas de rejet, le Conseil constitutionnel produit une décision publique motivée.
.5
La proposition de révision d’initiative citoyenne doit recueillir au total un million de signatures d’électeurs dans un délai de 18 mois à compter de sa publication officielle.
.6
Les signatures de soutien à la proposition de révision d’initiative citoyenne, en format papier ou numérique, doivent être accompagnées des noms d’usage, prénoms, dates de naissance et adresses des signataires. La validité des signatures est contrôlée par le Conseil constitutionnel dans un délai qui ne peut dépasser une durée de 4 mois. Les parlementaires disposent de 24 mois, à compter de la validation de l’initiative, pour déposer une contre-proposition par la procédure de l’alinéa 2 ci-dessus. Le ou les initiateurs peuvent alors décider de retirer leur initiative.
.7
Une fois validée ou à expiration du délai prévu à l’alinéa précédent, le Président de la République soumet la proposition de révision au référendum dans un délai compris entre 3 et 12 mois. Aucun référendum ne peut être tenu pendant les 90 jours qui suivent la tenue d’un référendum.
.8
Les référendums sont précédés d’une campagne garantissant la diffusion de débats contradictoires et de toutes les informations nécessaires à un choix éclairé.
.9
La révision est définitive après avoir été approuvée par référendum. Si une initiative de révision fait l’objet d’une contre-proposition, les deux sont soumises séparément à référendum le même jour. Si les deux obtiennent l’approbation de la majorité des votants, seul le projet ou la proposition qui obtient le plus de votes favorables est approuvé.
.10
Toutefois, le projet de révision peut ne pas être présenté au référendum lorsque le Président de la République décide de le soumettre au Parlement convoqué en Congrès et qu’il ne fait pas l’objet d’une demande de référendum ; dans ce cas, le projet de révision n’est approuvé que s’il réunit la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés. Le bureau du Congrès est celui de l’Assemblée nationale. Après la publication de la décision de convocation du Congrès, les citoyens disposent de 200 jours pour déposer auprès du Conseil constitutionnel 500 000 signatures d’électeurs demandant un référendum. Le contrôle des signatures est identique à celui de l’alinéa 6 ci-dessus. Si le seuil est atteint, le projet de révision est soumis à référendum.
.11
Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire.
.12
La forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l’objet d’une révision.
.13
Aucune révision ne peut avoir pour objectif de restreindre les droits civils et politiques garantis par la Constitution.
.14
Des modalités d’application complémentaires peuvent être fixées par une loi organique.
Sommaire de cet article
Prises de position des députés
En faveur du classement de la pétition :
Laure MILLER (Renaissance)
Éric POULLIAT (Renaissance)
Béatrice ROULLAUD (RN)
Mathilde DESJONQUÈRES (Démocrate)
Philippe PRADAL (Horizons)
Contre le classement de la pétition :
Arthur DELAPORTE (Socialistes)
Antoine LÉAUMENT (LFI)
Charles FOURNIER (Écologistes)
Merci à eux !
Résultat du vote de la commission
Pour le classement de la pétition : ?
Contre le classement de la pétition : ?
En raison d’une volonté de la Commission de ne pas rendre les votes publics (ni dans la vidéo, ni dans le compte rendu de la séance), ce malgré les textes officiels ci-dessous et nos demandes explicites, nous ne pouvons pas connaître les détails des votes.
Textes officiels :
Fonctionnement de l’Assemblée nationale – Fiche n°49 – L’examen des textes en commission
« 5. – Publicité des travaux des commissions
Il est établi, pour chaque réunion, un compte rendu faisant état des débats et des votes de la commission. »
Règlement de l’Assemblée nationale – Article 46
« Les travaux des commissions sont publics. […] À l’issue de chaque réunion, un compte rendu est publié, faisant état des travaux et des votes de la commission, ainsi que des interventions prononcées devant elle. »
Conseil constitutionnel – Décision n° 2009-581 DC du 25 juin 2009
“les exigences de clarté et de sincérité du débat parlementaire, qui s’appliquent aux travaux des commissions, imposent qu’il soit précisément rendu compte des interventions faites devant celles-ci, des motifs des modifications proposées aux textes dont elles sont saisies et des votes émis en leur sein”
Justification de ce refus de publication du vote
Dans le rapport préalable, la rapporteure a précisé ce qui suit :
« ces exigences constitutionnelles sont transposées aux pétitions : les réunions de commission sont filmées et le compte rendu fait mention de toutes les interventions de députés, ainsi que du sort réservé aux pétitions lorsque la proposition de classement est mise aux voix. En tout état de cause, l’absence de mention nominative du vote respecte les exigences constitutionnelles. »
Il serait intéressant de demander au Conseil constitutionnel ce qu’il pense de cette interprétation de leur consigne qui nous semble plus que discutable… allant jusqu’à changer l’angle de la caméra au moment du vote pour qu’aucune main levée ne soit visible.
Refus de nous inviter à l’examen de la pétition
Nous avions également demandé à être invité à l’examen (possibilité prévue par l’article 148 du règlement de l’Assemblée), pour éviter toute nouvelle mauvaise interprétation de notre proposition de loi et nos intentions, ainsi que pour avoir l’occasion de combler les lacunes de certains députés en matière de procédures constitutionnelles et de pratique de l’initiative populaire à travers le monde.
Article 148 du Règlement de l’Assemblée Nationale, alinéa 5 :
« La commission compétente peut décider d’associer à ses débats les premiers signataires de la pétition. »
Pour ce cas aussi, dans le rapport préalable, la rapporteure a refusé, prétextant ce qui suit :
« Il convient de rappeler que les premiers signataires de la pétition pourraient être associés aux travaux de la commission des Lois dans l’éventualité où la présente pétition ne serait pas classée. Il s’agit par ailleurs d’une faculté laissée à la libre appréciation de la commission. »
Il nous semble, là aussi, qu’il s’agit d’une interprétation discutable… Le texte du règlement ne fait pas mention d’une « éventualité où la pétition ne serait pas classée ».
Interventions des députés
Commençons par le positif !
Il y a eu, lors de cet examen, des réactions plutôt positives, y compris de certains opposants, ce qui mérite d’être relevé, avant de répondre aux prétendus arguments justifiant le classement.
Laure Miller (rapporteure Renaissance) dans son introduction
Nous faisons tous le constat de la difficulté à mettre en œuvre le référendum d’initiative partagée…
Si une réforme relative à la mise en place de mécanismes de démocratie participative était envisagée – et évidemment la question mérite d’être posée –, elle devrait être le fruit d’une véritable réflexion collective…
Cette réflexion devrait s’inscrire dans le temps long et être pleinement mûrie, avec l’aide notamment de chercheurs, d’universitaires, d’élus, de citoyens…
Philippe Pradal (Horizons)
…nous saluons l’effort des auteurs de tenir compte des remarques précédemment soulevées en commission…
Oui, il faut bien reconnaître que le modèle actuel de démocratie représentative souffre. D’une part parce que de moins en moins de Français se rendent aux urnes, élection après élection, et d’autre part parce que les interrogations de nos concitoyens sont de plus en plus nombreuses et le besoin de participer directement à la vie de la nation se fait plus vif.
Laure Miller (rapporteure Renaissance) dans sa conclusion
…je pense que nous sommes tous d’accord pour souligner le fait qu’il y ait un vrai dialogue, entre guillemets, qui se soit instauré entre la commission des lois et les auteurs de cette pétition ; que les auteurs de ladite pétition ont évolué, on fait évoluer leur texte, et évidemment, c’est une très bonne chose. Ça montre que c’est un vrai sujet et que la question de la représentativité du peuple et de la possibilité de lui donner fréquemment la parole est un vrai sujet sur lequel on doit travailler.
…évidemment que notre démocratie n’est pas parfaite, qu’elle doit s’améliorer.
Et voici les interventions visant à permettre à notre pétition de poursuivre son parcours législatif.
Nous remercions vivement ces députés pour ces prises de positions engagées.
Avant l’examen de notre pétition par la commission, nous avons organisé un débat avec Arthur Delaporte, et des assistants parlementaires d’autres députés. M. Delaporte, qui a gentiment accepté de nous réserver une salle à l’Assemblée, a été touché par nos arguments. Ceci explique pourquoi il est intervenu en premier dans cette commission dont il n’est pas membre. Il est venu spécialement pour défendre l’idée que notre proposition de loi méritait un débat dans l’hémicycle. C’est l’objet de son intervention ci-dessous.
La vidéo ci-dessus, 2h20 de débat instructif sur le RIC constituant, mérite aussi d’être visionnée. Nous le remercions donc tout particulièrement pour cet échange, ainsi que pour son intervention auprès de la commission.
Arthur Delaporte (Socialistes)
…je me demande si on ne devrait pas se poser une autre question, plutôt que de faire comme si nous étions en train de voter sur une proposition de révision constitutionnelle définitive.
La pétition qui nous est transmise est soutenue par plus de 8000 citoyens. Qui est la troisième, qui a été retravaillée et je vais même préciser : elle a été retravaillée — vous évoquiez les chercheurs — par des chercheurs, par des chercheurs en droit constitutionnel, par des maîtres de conférence, qui travaillent à la fois dans des universités françaises, mais aussi étrangères, qui s’appuient aussi sur ce qui est produit et est en œuvre dans d’autres pays, en Suisse par exemple.
Aujourd’hui, on a — et vous l’avez dit — une crise de la représentation. Et il me semble qu’il est important de ne pas opposer la démocratie représentative avec des formes de démocratie directe et que le rôle du Parlement, c’est justement d’être aussi le réceptacle de ces sollicitations citoyennes. Si on a instauré des pétitions dans notre règlement, c’est bien parce qu’on s’est dit qu’à un moment, ces pétitions pouvaient être mises en débat. Et là, aujourd’hui, quand on parle de recevabilité des pétitions, on parle seulement d’une chose, de dire : est-ce que ce sujet mérite débat ? Il me semble que, oui, ce sujet mérite débat et que ce qui nous est proposé ici n’est pas quelque chose de formalisé qui deviendrait demain une réforme constitutionnelle, puisqu’il me semble que si on doit faire une réforme constitutionnelle, il y aura débat parlementaire, il y aura amendements et il y aura, finalement, processus législatif. Mais c’est une base soumise par des citoyens qui, par deux fois déjà, ont retravaillé leur copie suite aux remarques qui leur ont été faites.
Considérer ce travail citoyen, considérer ces milliers de citoyens qui s’intéressent à la question représentative, et considérer aussi ce qui s’est passé, il n’y a pas si longtemps dans notre pays avec la crise des Gilets jaunes, dont la question du RIC était une question centrale, une revendication centrale, ça serait montrer que l’on est dans une démocratie parlementaire mature et que, oui, on a le souhait de renforcer ces liens avec l’ensemble de nos citoyens et de faire en sorte que notre pays puisse faire vivre ce dialogue. C’est simplement de ça qu’il s’agit aujourd’hui. Il ne s’agit pas d’adopter le RIC en commission. Il s’agit de se dire qu’on va faire vivre le dialogue démocratique et qu’on va essayer de donner une chance à cette pétition qui recueille des soutiens et qui n’est pas farfelue.
Antoine Léaument (LFI)
…je trouve que les gens qui nous ont proposé cette pétition ont fait un travail génial. Ils ont proposé une première pétition, on l’a étudiée dans notre commission des lois. Il y a eu des retours qui ont été faits par la commission des lois, ils ont déposé une deuxième pétition, on a fait des retours, et là, ils font une troisième pétition, et ils ont pris en compte l’intégralité des remarques qui ont été faites par notre commission. Eh bien moi, chers collègues, je trouve que, si on décide de permettre à cette pétition d’être publiée et de continuer son travail, ce qui se passe juste, c’est qu’elle peut continuer à recevoir des signatures. Et puis potentiellement, si elle obtient 500 000 signatures, elle finit par être étudiée dans l’hémicycle. Franchement, il s’agit pas de soutenir, d’être pour ou contre le référendum d’initiative citoyenne, il s’agit juste d’être pour le fait que la pétition puisse continuer. Et si vous ne voulez pas voir cette pétition revenir une quatrième fois, Monsieur le président de la commission des lois, vous feriez mieux, chers collègues, de soutenir cette pétition pour qu’elle puisse continuer son travail, parce que sinon, il est fort probable qu’elle revienne une fois avec des retours sur ce sujet-là.
Je veux juste vous dire un truc : intellectuellement, la souveraineté nationale appartient au peuple. Le souverain dans notre pays, c’est le peuple, depuis que nous avons débarrassé notre pays des rois, bah, c’est le peuple. Et le peuple a tous les droits, en matière constitutionnelle comme en matière de loi. Et nous, nous sommes la voix du peuple pour pouvoir l’exprimer à l’intérieur de nos institutions républicaines. Eh bien là, des citoyens nous ont saisis pour que nous fassions avancer l’idée du référendum d’initiative citoyenne constituant. Et je pense que notre devoir, en tant que représentants du peuple, c’est simplement de permettre à cette idée de continuer à recueillir les signatures d’autres citoyens, pour voir si cette pétition aurait la légitimité suffisante pour arriver en hémicycle. Ils proposent un seuil qui est un seuil très élevé. Et bien, voyez-vous, l’Assemblée nationale propose un seuil de 500 000 signatures pour que ça aille en hémicycle. C’est un bon test. Laissons les citoyens tester si on arrive à obtenir 500 000 signatures sur ce sujet.
Charles Fournier (écologistes)
Au fond, ce que nous discutons ici, c’est une proposition de mise en cohérence de notre Constitution de 1958 et de la Déclaration des droits de l’homme de 1789. L’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen indique en effet que “tous les citoyens ont droit de concourir personnellement ou par leurs représentants à la formation de la loi”. Cette phrase, imaginée par Talleyrand, tentait de faire la synthèse entre ceux qui se réclamaient de Rousseau et de la démocratie directe, et ceux qui se réclamaient de Sieyès, qui considérait qu’on ne pouvait s’exprimer que par la voix de ses représentants.
Mais remarquez que l’ordre, depuis, a été inversé. L’article 89 de la Constitution de 1958 inverse l’ordre des choses et — en matière constitutionnelle — il place le représentant au-dessus du représenté en empêchant toute initiative populaire pour modifier la Constitution. Il est temps de mettre en concordance nos principes constitutionnels. Il serait donc bienvenu que l’Assemblée nationale organise un beau débat, un beau débat important, du genre de ceux qui nous font souvent défaut, emportés que nous sommes par l’actualité brûlante, un débat sur la nature de nos institutions et sur le rôle des citoyens.
Ce rôle doit être renforcé, par exemple, en abaissant le seuil de déclenchement du référendum d’initiative partagée. Le président de la République s’était prononcé favorable à l’abaissement, au seuil d’un million, mais on pourrait aussi travailler sur un statut du citoyen participant, qui n’existe pas aujourd’hui et rend impossible le fait d’associer concrètement des citoyens, ou en introduisant enfin la possibilité d’un référendum d’initiative citoyenne précédé d’un vrai processus de délibération.
La pétition que nous examinons, ce n’est pas une pétition qui revient pour la quatrième fois sans modification. Au contraire, c’est un effort de dialogue, puisqu’elle a tenu compte des différents échanges qui ont pu exister. Par exemple, sur l’exclusion du Parlement du processus, il y a eu des corrections apportées là-dessus. Sur le risque de dépôt de pétitions trop courantes, là aussi, un seuil de 50 000 signatures a été identifié. Et puis, sur le seuil de signatures qui est trop faible, je viens d’en parler…
Vu la qualité de la proposition qui a été élaborée et dans un esprit de dialogue avec cette commission, et vu la gravité de la crise démocratique que nous connaissons, il nous semble légitime et important que l’examen de cette pétition se poursuive. J’espère que, dans le même esprit de compromis que celui de Talleyrand lorsqu’il a écrit l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme, des députés de tous horizons seront favorables à ce qu’au moins l’examen de cette pétition continue et que nous puissions avoir ce débat.
📄 Lire la transcription complète des arguments des députés
(Arguments favorables, Arguments défavorables, Arguments neutres, Éléments agaçants)
Introduction du Président de la Commission (Renaissance)
0:00 – 0:46
Vous vous souvenez que nous avions prévu initialement l’examen des pétitions le 10 avril. En revanche, nous avions dû décaler cet examen puisque l’ordre du jour de la commission des lois est ainsi fait que nous avions dû faire un peu de place pour nos travaux, notamment constitutionnels. Il nous faut néanmoins respecter le rythme semestriel de l’examen de ces pétitions.
Nous avons arrêté les pétitions qui atteignaient plus de 5000 signatures à la date du 10 avril.
[…]
Pétition pour le référendum d’initiative citoyen constituant amendée après un deuxième passage en commission. Je vous propose d’aller vite sur cette pétition. C’est la troisième fois que nous nous prononçons sur le même sujet, qui plus est par les mêmes auteurs. Nous n’avons pas vocation à y revenir sans cesse.
Madame la rapporteure, peut-être que vous nous présentez une énième fois l’avis de la commission des lois sur cette question. Allez-y.
Rapport de Laure Miller – Rapporteure (Renaissance)
0:48 – 6:50
Merci Monsieur le président, donc en effet, c’est une pétition qui a recueilli quasiment 8000 signatures et qui propose, de nouveau, la création d’un référendum d’initiative citoyenne en matière de révision constitutionnelle en modifiant l’article 89 de la Constitution, relatif à la procédure de révision. La proposition de révision constitutionnelle d’initiative citoyenne, qui recueillerait 50 000 signatures, serait d’abord soumise à un contrôle de recevabilité assuré par le Conseil constitutionnel. Si elle était déclarée recevable et soutenue par au moins 1 million de citoyens dans un délai de 18 mois, elle devrait alors être obligatoirement soumise à référendum.
La proposition de révision constitutionnelle, qui dit s’inspirer du modèle suisse, octroierait un délai de 24 mois aux parlementaires pour formuler une contre-proposition qui concurrencerait la proposition citoyenne. Dans l’éventualité où la proposition d’origine citoyenne n’aurait pas été retirée, alors les deux textes seraient soumis à référendum le même jour et seule la proposition ayant recueilli le plus de voix serait adoptée, si bien sûr elle a recueilli la majorité absolue des suffrages exprimés.
Contrairement aux deux précédentes pétitions qui portaient sur le RIC, cette pétition rétablit aussi un principe : la possibilité d’adopter une révision constitutionnelle par la réunion du Parlement au Congrès. Néanmoins, le projet de révision de l’article 89 qui nous est ici soumis prévoit que 500 000 citoyens peuvent s’opposer à la réunion du Congrès dans un délai de 200 jours. En pareil cas, la procédure de révision par la voie du Congrès serait interrompue et remplacée par l’organisation d’un référendum.
Actuellement, en application de l’article 89 de la Constitution, l’initiative d’une révision constitutionnelle appartient au président de la République sur proposition du Premier ministre et aux membres du Parlement. Après un vote du projet ou de la proposition de révision par les deux Chambres en termes identiques, le Président peut les soumettre soit au référendum, soit au Parlement réuni en Congrès. Dans ce dernier cas, le projet est approuvé s’il réunit une majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés.
Je rappelle que la Constitution de la Ve République a été révisée 25 fois. La dernière révision constitutionnelle nous a d’ailleurs réunis à Versailles en mars dernier pour inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution. La révision de l’article 89 promue par la pétition viserait à renforcer la participation directe des citoyens, mais elle présente, comme les deux précédentes pétitions, un certain nombre d’obstacles sérieux.
Tout d’abord, un nombre minimal de 50 000 signatures est requis pour saisir le Conseil constitutionnel de la recevabilité juridique de l’initiative. Si ce seuil constitue une avancée par rapport à la précédente pétition qui ne fixait tout simplement pas de seuil, il demeure néanmoins bien modeste et pourrait représenter un alourdissement important de la charge du Conseil constitutionnel si de telles pétitions devenaient fréquentes.
Ensuite, le contrôle de l’objet de la révision constitutionnelle serait assuré par le Conseil constitutionnel dans un délai de deux mois, à l’issue duquel la proposition serait considérée comme valide. On peut ici encore une fois mesurer la dangerosité de cette validation implicite : si le juge constitutionnel ne se prononçait pas dans ce délai, alors l’initiative serait d’office déclarée recevable, même si elle soulevait des difficultés juridiques importantes. On pourrait imaginer par exemple une pétition proposant une révision constitutionnelle visant à modifier l’article 89 de la Constitution afin de supprimer précisément l’impossibilité d’une révision visant à remettre en cause la forme républicaine du gouvernement.
Une fois le contrôle de l’objet de la révision effectué par le Conseil constitutionnel, la proposition de révision constitutionnelle devrait recueillir un million de signatures dans un délai de 18 mois en vue de l’organisation du référendum. Or, ce seuil serait beaucoup plus faible en comparaison avec le référendum d’initiative partagée, qui est prévu en matière législative à l’article 11 de la Constitution et qui suppose le soutien d’un dixième du corps électoral, soit quasiment 5 millions de citoyens.
Les pétitionnaires se sont référés aux propos du président de la République, qui s’est prononcé en faveur de l’abaissement des seuils fixés par l’article 11 afin de permettre l’engagement d’un référendum d’initiative partagée sur une proposition de loi à la demande d’un million de citoyens, contre presque 5 millions aujourd’hui. Nous faisons tous le constat de la difficulté à mettre en œuvre le référendum d’initiative partagée, mais tel est le seuil actuellement prévu par notre Constitution pour les référendums d’initiative partagée, qui concernent la matière législative. De ce point de vue, il ne serait ni cohérent ni adéquat de prévoir un seuil beaucoup plus bas pour une révision constitutionnelle d’origine citoyenne.
Notre norme suprême doit conserver une forme de stabilité et ne doit être modifiée que d’une main tremblante. Toute modification du texte constitutionnel doit être savamment pensée et pleinement mesurée pour ne pas mettre en péril nos institutions et la garantie des droits fondamentaux. De même, un équilibre doit être trouvé entre la possibilité d’initier une proposition de loi, fût-elle constitutionnelle, pour revigorer la démocratie et le fait de mettre en danger cette même démocratie par le biais de critères trop relâchés.
Enfin, dans les cas où la révision constitutionnelle serait d’origine présidentielle ou parlementaire, le projet de révision de l’article 89 ici proposé prévoit une exception au principe selon lequel le président de la République peut réunir le Parlement en congrès. En effet, 500 000 citoyens pourraient s’opposer dans un délai de 200 jours à la réunion du Congrès pour entériner une révision constitutionnelle, de sorte qu’un référendum devrait être obligatoirement organisé. Cela reviendrait à permettre à une fraction du peuple seulement de faire obstacle à une révision par la voie parlementaire, ce qui serait tout à fait contraire à l’esprit de notre Constitution en matière de souveraineté nationale et porterait une atteinte sérieuse au droit du Parlement, en opposant représentation nationale et citoyens.
Le délai de 200 jours fixé pour réunir le nombre de signatures nécessaires aurait aussi pour effet drastique de figer pendant plus de six mois tout processus de révision constitutionnelle par la voie parlementaire dans l’attente de l’exercice de cet éventuel droit d’opposition d’une partie des électeurs. Avec une telle disposition, l’inscription de l’IVG dans la Constitution aurait par exemple pu être sérieusement retardée, voire mise à mal, par des électeurs très minoritaires mais déterminés et organisés dans leur opposition.
En conclusion, je souhaite tout de même rappeler que la Commission des lois s’est déjà prononcée deux fois et va se prononcer donc une troisième fois sur l’introduction d’un référendum d’initiative citoyenne dans la Constitution. Chaque groupe politique a eu l’occasion d’exprimer ses positions sur ce point. Nous y avons tous été sensibles, cependant, il me semble que le canal des pétitions n’est pas adapté pour engager une telle éventuelle réforme d’ampleur de la Constitution sur des sujets aussi majeurs pour l’équilibre de nos institutions.
Si une réforme relative à la mise en place de mécanismes de démocratie participative était envisagée – et évidemment la question mérite d’être posée –, elle devrait être le fruit d’une véritable réflexion collective, car il s’agit d’une question complexe et sensible pour l’avenir de notre démocratie. Cette réflexion devrait s’inscrire dans le temps long et être pleinement mûrie, avec l’aide notamment de chercheurs, d’universitaires, d’élus, de citoyens et bien sûr en associant tout particulièrement le Parlement, dont le rôle dans nos institutions devrait être plutôt renforcé que diminué.
Pour toutes ces raisons, je vous propose, Monsieur le président, chers collègues, de classer cette pétition.
Intervention d’Arthur Delaporte (PS) @ArthurDelaporteDepute
6:55 – 9:09
Merci, Monsieur le Président, chers collègues, Madame la rapporteure. Je voulais à la fois vous remercier pour l’attention que vous avez portée à cette pétition et pour votre réponse détaillée. Mais finalement, je me demande si on ne devrait pas se poser une autre question, plutôt que de faire comme si nous étions en train de voter sur une proposition de révision constitutionnelle définitive.
La pétition qui nous est transmise est soutenue par plus de 8000 citoyens. Qui est la troisième, qui a été retravaillée et je vais même préciser : elle a été retravaillée – vous évoquiez les chercheurs – par des chercheurs, par des chercheurs en droit constitutionnel, par des maîtres de conférence, qui travaillent à la fois dans des universités françaises mais aussi étrangères, qui s’appuient aussi sur ce qui est produit et est en œuvre dans d’autres pays, en Suisse par exemple.
Aujourd’hui, on a – et vous l’avez dit – une crise de la représentation. Et il me semble qu’il est important de ne pas opposer la démocratie représentative avec des formes de démocratie directe et que le rôle du Parlement, c’est justement d’être aussi le réceptacle de ces sollicitations citoyennes. Si on a instauré des pétitions dans notre règlement, c’est bien parce qu’on s’est dit qu’à un moment, ces pétitions pouvaient être mises en débat. Et là aujourd’hui, quand on parle de recevabilité des pétitions, on parle seulement d’une chose, de dire : est-ce que ce sujet mérite débat. Il me semble que, oui, ce sujet mérite débat et que ce qui nous est proposé ici n’est pas quelque chose de formalisé qui deviendrait demain une réforme constitutionnelle, puisqu’il me semble que si on doit faire une réforme constitutionnelle, il y aura débat parlementaire, il y aura amendements et il y aura, finalement, processus législatif. Mais c’est une base soumise par des citoyens qui, par deux fois déjà, ont retravaillé leur copie suite aux remarques qui leur ont été faites.
Considérer ce travail citoyen, considérer ces milliers de citoyens qui s’intéressent à la question représentative, et considérer aussi ce qui s’est passé, il n’y a pas si longtemps dans notre pays avec la crise des Gilets jaunes, dont la question du RIC était une question centrale, une revendication centrale, ça serait montrer que l’on est dans une démocratie parlementaire mature et que, oui, on a le souhait de renforcer ces liens avec l’ensemble de nos citoyens et de faire en sorte que notre pays puisse faire vivre ce dialogue. C’est simplement de ça qu’il s’agit aujourd’hui. Il ne s’agit pas d’adopter le RIC en commission. Il s’agit de se dire qu’on va faire vivre le dialogue démocratique et qu’on va essayer de donner une chance à cette pétition qui recueille des soutiens et qui n’est pas farfelue.
Intervention d’Éric Poulliat (Renaissance)
9:13 – 11:10
Merci, Monsieur le président, chers collègues, alors cette pétition vise à défendre un référendum d’initiative citoyenne constituant. Comme rapporteur précédent, j’avais suggéré le 5 avril 2023 de classer cette pétition, et elle le fut également le 11 octobre dernier. Amendée depuis, la nouvelle version proposée revendique de prendre en compte les remarques formulées lors des précédents votes.
Alors, cette nouvelle procédure qu’elle propose pour réaliser un référendum détermine un seuil d’un million de soutiens dans le corps électoral, qui est plus faible que le seuil requis pour les référendums d’initiative partagée, soit 10 % du corps électoral. Il serait incohérent d’établir un seuil d’initiative du citoyen moins élevé pour une révision constitutionnelle (article 89 de la Constitution) que pour une modification législative (article 11 de la Constitution).
En réduisant le rôle du Parlement, en donnant la possibilité aux citoyens de faire voter un projet de loi constitutionnelle par référendum plutôt qu’au Congrès, ou encore en permettant d’opposer une proposition de révision citoyenne à une contre-proposition parlementaire qui n’aurait elle-même pas besoin d’être adoptée dans les deux Chambres, elle contribue également à affaiblir le rôle de la représentation nationale, en particulier dans sa mission de garde-fou dans le domaine constitutionnel.
Sous des apparences de vouloir renforcer le pouvoir des citoyens, la pétition aurait principalement pour effet d’effacer la démocratie représentative dans une nouvelle procédure où le citoyen et le pouvoir exécutif se feraient face. Ce n’est pas notre conception de la République et de la démocratie.
Enfin, pour rappel, plusieurs propositions de loi abaissant les seuils des référendums d’initiative partagée ou visant à créer un référendum d’initiative citoyenne ont été rejetées par notre Assemblée ces dernières années. Comme ce fut le cas pour les deux précédentes pétitions sur ce sujet. Par cohérence et dans la continuité des précédentes expressions de la représentation nationale, il convient de classer cette nouvelle pétition.
Intervention de Béatrice Roullaud (RN)
11:14 – 13:21
Monsieur le président, Madame la rapporteure, chers collègues, je tiens ici à exprimer les réserves les plus sérieuses que nourrit notre groupe à l’égard de la pétition visant à instaurer un référendum d’initiative citoyenne en matière constitutionnelle. Non pas que nous ne sommes pas attachés au référendum d’initiative citoyenne, nous le sommes, mais pas au détriment de la stabilité de notre cadre institutionnel. La Constitution doit être un socle solide et pérenne, garant de l’équilibre des pouvoirs et du fonctionnement harmonieux de nos institutions. Elle ne saurait être soumise aux aléas de l’opinion publique ou à des intérêts particuliers.
Nous sommes favorables au référendum d’initiative citoyenne uniquement en ce qui concerne la loi ordinaire qui régit notre quotidien, mais pas pour des lois organiques qui régissent nos institutions. On ne peut en effet placer ces deux types de lois sur le même plan. Celles qui organisent nos institutions requièrent une expertise et de la mesure, car elles sont faites pour durer. C’est la raison pour laquelle l’initiative de leur modification doit être réservée à des élus ou au chef de l’État.
Actuellement, l’article 89 de notre Constitution prévoit pour sa modification un processus clair et équilibré impliquant une initiative du président de la République ou du Parlement et une approbation finale par un référendum ou le Congrès. Cela ne doit pas changer. En revanche, la proposition qui nous est soumise, en permettant aux électeurs d’initier un référendum d’initiative citoyenne sur des questions constitutionnelles, menace cette stabilité.
Imaginez demain qu’un groupe religieux radical veuille changer la Constitution et requiert un nombre suffisant de citoyens pour cela. Cela pourrait entraîner le risque que nos lois républicaines faisant prévaloir les principes de laïcité et d’égalité entre les hommes et les femmes vacillent et soient remises en cause.
Ainsi, bien que le Rassemblement National ait toujours valorisé la participation citoyenne pour modifier la loi, il refuse d’instaurer un référendum d’initiative citoyenne pour modifier la Constitution.
Intervention d’Antoine Léaument (LFI)
13:23 – 15:33
Bon, écoutez, au moins c’est clair, le Rassemblement National est contre le fait de mettre en place un référendum d’initiative citoyenne qui puisse juger des choses constitutionnelles. Nous, on n’est pas de cet avis là, et au contraire, nous on pense qu’il faudrait réformer l’intégralité de la Constitution par une assemblée constituante dans laquelle le peuple pourrait avoir une capacité d’intervention à l’intérieur des travaux de cette nouvelle assemblée constituante.
Bah là, justement, je trouve que les gens qui nous ont proposé cette pétition ont fait un travail génial. Ils ont proposé une première pétition, on l’a étudiée dans notre commission des lois. Il y a eu des retours qu’ont été faits par la commission des lois, ils ont déposé une deuxième pétition, on a fait des retours, et là ils font une troisième pétition, et ils ont pris en compte l’intégralité des remarques qu’on été faites par notre commission. Et bien moi, chers collègues, je trouve que, si on décide de permettre à cette pétition d’être publiée et de continuer son travail, ce qui se passe juste, c’est qu’elle peut continuer à recevoir des signatures. Et puis potentiellement, si elle obtient 500 000 signatures, elle finit par être étudiée dans l’hémicycle. Franchement, il s’agit pas de soutenir, d’être pour ou contre le référendum d’initiative citoyenne, il s’agit juste d’être pour le fait que la pétition puisse continuer. Et si vous ne voulez pas voir cette pétition revenir une quatrième fois, Monsieur le président de la commission des lois, vous feriez mieux, chers collègues, de soutenir cette pétition pour qu’elle puisse continuer son travail, parce que sinon, il est fort probable qu’elle revienne une fois avec des retours sur ce sujet là.
Je veux juste vous dire un truc : intellectuellement, la souveraineté nationale appartient au peuple. Le souverain dans notre pays, c’est le peuple, depuis que nous avons débarrassé notre pays des rois, bah c’est le peuple. Et le peuple a tous les droits, en matière constitutionnelle comme en matière de loi. Et nous, nous sommes la voix du peuple pour pouvoir l’exprimer à l’intérieur de nos institutions républicaines. Et bien là, des citoyens nous ont saisis pour que nous fassions avancer l’idée du référendum d’initiative citoyenne constituant. Et je pense que notre devoir, en tant que représentants du peuple, c’est simplement de permettre à cette idée de continuer à recueillir les signatures d’autres citoyens, pour voir si cette pétition aurait la légitimité suffisante pour arriver en hémicycle. Ils proposent un seuil qui est un seuil très élevé. Et bien, voyez-vous, l’Assemblée nationale propose un seuil de 500 000 signatures pour que ça aille en hémicycle. C’est un bon test. Laissons les citoyens tester si on arrive à obtenir 500 000 signatures sur ce sujet.
Intervention de Mathilde Desjonquères (Démocrate)
15:36 – 16:53
Merci, Monsieur le Président, Madame la rapporteure, le groupe Démocrate, comme vous le savez, est toujours sensible à toute réflexion relative au renouveau des institutions et friand des idées qui pourraient revitaliser notre démocratie. Toutefois, ces initiatives doivent être accompagnées de garanties constitutionnelles suffisantes et s’inscrire dans une réflexion globale.
Cette pétition est une version modifiée d’une autre que nous avons examinée et classée à l’automne dernier. Par rapport à la dernière fois, des modifications effectivement ont été apportées. Le Parlement est intégré, mais dans un dispositif qui tend à opposer le Parlement et les citoyens, ceci dans un schéma de surenchère l’un envers l’autre. Cette pétition est aussi restrictive dans la mesure où elle ne permet pas au Parlement d’amender le texte soumis au référendum.
De plus, aucune révision ne peut avoir pour objectif la restriction des droits civils et politiques garantis par la Constitution, ni même porter atteinte à l’intégrité du territoire. La proposition actuelle ne mentionne toujours pas les droits économiques et sociaux, qui ont valeur constitutionnelle.
Je tiens également à rappeler que la stabilité de nos institutions requiert que toute modification de la Constitution soit faite avec parcimonie et soit pleinement mesurée. Le système proposé par cette pétition n’est pas convaincant et nous éloignerait beaucoup de cet objectif. La réforme constitutionnelle n’est pas la seule piste à explorer pour renforcer la participation citoyenne à notre démocratie. Nous pourrions par exemple nous inspirer de ce qui se passe au niveau local, car les citoyens votent plus lors des élections locales que lors des élections nationales.
En conséquence, le groupe Démocrate vous propose de classer cette pétition.
Intervention de Charles Fournier (Écologistes)
16:59 – 19:15
Merci. Au fond, ce que nous discutons ici, c’est une proposition de mise en cohérence de notre Constitution de 1958 et de la Déclaration des droits de l’homme de 1789. L’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen indique en effet que “tous les citoyens ont droit de concourir personnellement ou par leurs représentants à la formation de la loi”. Cette phrase, imaginée par Talleyrand, tentait de faire la synthèse entre ceux qui se réclamaient de Rousseau et de la démocratie directe, et ceux qui se réclamaient de Sieyès, qui considérait qu’on ne pouvait s’exprimer que par la voix de ses représentants.
Mais remarquez que l’ordre, depuis, a été inversé depuis. L’article 89 de la Constitution de 1958 inverse l’ordre des choses et – en matière constitutionnelle – il place le représentant au-dessus du représenté en empêchant toute initiative populaire pour modifier la Constitution. Il est temps de mettre en concordance nos principes constitutionnels. Il serait donc bienvenu que l’Assemblée nationale organise un beau débat, un beau débat important, du genre de ceux qui nous font souvent défaut, emportés que nous sommes par l’actualité brûlante, un débat sur la nature de nos institutions et sur le rôle des citoyens.
Ce rôle doit être renforcé, par exemple, en abaissant le seuil de déclenchement du référendum d’initiative partagée. Le président de la République s’était prononcé favorable à l’abaissement, au seuil d’un million, mais on pourrait aussi travailler sur un statut du citoyen participant, qui n’existe pas aujourd’hui et rend impossible le fait d’associer concrètement des citoyens, ou en introduisant enfin la possibilité d’un référendum d’initiative citoyenne précédé d’un vrai processus de délibération.
La pétition que nous examinons, ce n’est pas une pétition qui revient pour la quatrième fois sans modification. Au contraire, c’est un effort de dialogue, puisqu’elle a tenu compte des différents échanges qui ont pu exister. Par exemple, sur l’exclusion du Parlement du processus, il y a eu des corrections apportées là-dessus. Sur le risque de dépôt de pétitions trop courantes, là aussi, un seuil de 50 000 signatures a été identifié. Et puis, sur le seuil de signatures qui est trop faible, je viens d’en parler…
Vu la qualité de la proposition qui a été élaborée et dans un esprit de dialogue avec cette commission, et vu la gravité de la crise démocratique que nous connaissons, il nous semble légitime et important que l’examen de cette pétition se poursuive. J’espère que, dans le même esprit de compromis que celui de Talleyrand lorsqu’il a écrit l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme, des députés de tous horizons seront favorables à ce qu’au moins l’examen de cette pétition continue et que nous puissions avoir ce débat.
Intervention de Philippe Pradal (Horizons)
19:19 – 21:06
Merci, Monsieur le Président, Madame la rapporteure, chers collègues, nous examinons donc pour la troisième fois une pétition visant à instaurer un référendum d’initiative citoyenne permettant de réviser la Constitution. Comme les fois précédentes, le groupe Horizons et apparentés votera pour le classement de cette pétition.
En effet, si nous saluons l’effort des auteurs de tenir compte des remarques précédemment soulevées en commission, nous demeurons d’une part convaincus que la question fait déjà l’objet de nombreux débats dans l’hémicycle et d’autre part que les dispositions qu’elle contient ne sont pas opportunes. Comme nous l’avons dit, la Constitution de 1958 constitue l’élément fondateur de notre système, de la stabilité et de l’efficacité de notre démocratie. Il est donc absolument nécessaire que toute modification de la Constitution ne s’opère que dans des conditions extrêmement strictes.
Oui, il faut bien reconnaître que le modèle actuel de démocratie représentative souffre. D’une part parce que de moins en moins de Français se rendent aux urnes, élection après élection, et d’autre part parce que les interrogations de nos concitoyens sont de plus en plus nombreuses et le besoin de participer directement à la vie de la nation se fait plus vif. Néanmoins, rappelons que les dispositions constitutionnelles actuelles ne font pas fi de la participation citoyenne. Le président de la République peut décider de soumettre la révision constitutionnelle à l’approbation citoyenne. Si ce mode d’approbation a été peu utilisé, c’est parce que les différents présidents de la République sous la Ve République, qui tirent leur légitimité du suffrage universel direct depuis la réforme de 1962, ont préféré faire approuver leurs projets de révision au parlement réunis en Congrès.
Les constituants de 1958 ont fait le choix d’une démocratie représentative mettant en jeu une majorité et une opposition qui permet de relayer et structurer les débats qui animent notre société, selon des procédures claires et surtout un mode de désignation qui assoit la légitimité de ceux qui font la loi : le suffrage universel direct. Le groupe Horizons et apparentés est convaincu qu’on ne saurait opposer les souverainetés. C’est ce que suggère finalement cette pétition. Le Congrès aurait une moindre légitimité à se prononcer sur une révision constitutionnelle que celle du peuple directement.
Nous voterons donc, comme annoncé, pour le classement de cette pétition.
Réponses de Laure Miller – Rapporteure (Renaissance)
21:08 – 24:26
Effectivement, je pense que nous sommes tous d’accord pour souligner :
– le fait qu’il y ait un vrai dialogue, entre guillemets, qui se soit instauré entre la commission des lois et les auteurs de cette pétition ;
– que les auteurs de ladite pétition ont évolué, on fait évoluer leur texte, et évidemment, c’est une très bonne chose.
Ça montre :
– Un, que c’est un vrai sujet et que la question de la représentativité du peuple et de la possibilité de lui donner fréquemment la parole est un vrai sujet sur lequel on doit travailler.
– Mais ça montre aussi toute la subtilité qui est celle d’une révision de la Constitution et de comment est-ce qu’on réorganise cette procédure, de telle sorte qu’on puisse – comme le disait la constitutionnaliste Anne Levade – en retirer le meilleur sans que cela génère le pire.
Voilà, ça montre que c’est pas si simple. Et évidemment, je note que des modifications ont été faites :
– que le Parlement a été ajouté. Mais, je note aussi qu’on oppose finalement le peuple au Parlement à travers cette modification, ce qui ne me semble pas être le bon processus ;
– que la question du seuil a été révisée, mais qu’elle reste problématique aussi, puisqu’on a un seuil moins important pour une révision constitutionnelle qu’une révision législative, ce qui est quand-même un vrai sujet.
Voilà, simplement peut-être aussi pour dire au Rassemblement National que je suis également surprise de les entendre parler de stabilité et de respect de nos institutions. Euh, oui, alors là vous respectez… vous évoquez ça, sur la question de la laïcité en disant : “imaginez qu’on puisse modifier la laïcité”, mais enfin ça vous empêche pas de critiquer toutes les décisions du Conseil constitutionnel et de vouloir modifier la Constitution dans l’absolue violation de la Déclaration des Droits de l’Homme.
[…]
Je sais bien que vous avez du mal à entendre la contradiction, mais elle existe, elle doit exister quand-même cette contradiction. Donc euh, voilà, je dis juste que ça doit pas être un jour on respecte la Constitution, le lendemain on la respecte pas. Il faut être cohérent, en tout cas essayer d’être cohérent, je pense qu’on doit tous essayer de s’appliquer ce principe.
Ensuite, peut-être pour conclure
[…]
Pour conclure, peut-être, enfin… évidemment que notre démocratie n’est pas parfaite, qu’elle doit s’améliorer. Après, sur la parole donnée au peuple, je pense que déjà il y a beaucoup d’évolutions favorables qui ont déjà été faites, et je pense notamment à la révision constitutionnelle de 2008, qui avait largement renforcé le pouvoir du Parlement et créé la question prioritaire de constitutionnalité, qui est une véritable avancée pour donner la parole encore une fois au peuple et permettre, voilà, la garantie nos droits et libertés fondamentaux.Voilà, je note : le Défenseur des droits, qui avait été créé à cette occasion, qui permet là encore de défendre, finalement, notre parole à travers le défense de nos droits et libertés fondamentaux. Voilà, évidemment les choses sont imparfaites, mais je crois, en revanche, ce véhicule de la pétition… encore une fois, je conclue avec ça, mais… qui a recueilli 8000 signatures… C’est très bien, mais ça reste quand-même extrêmement peu par rapport à l’importance de ce sujet. Raisons pour lesquelles je vous propose de classer cette pétition.
Députée Martin
Toujours deux poids deux mesures…
Vote sur la proposition de classement
Bien, merci Madame Martin pour vos commentaires.
Approuvez-vous l’avis de la rapporteure de classer la pétition ?
Qui vote pour ?
Qui vote contre ?
Et donc elle est classée !
Réponses aux arguments de la Rapporteure
Argument 1 – Alourdissement de la charge du Conseil constitutionnel
Argument 2 – Validation implicite dangereuse
Argument 3 – Seuil plus faible que pour le « RIP »
Argument 4 – Risque d’instabilité
Argument 5 – Opposition entre représentation nationale et citoyens
Argument 6 – Risque de retarder des révisions constitutionnelles
Argument 7 – Les pétitions ne sont pas faites pour une telle réforme
Préambule
Il est à noter que comme les fois dernières, alors même que l’objectif de la commission a été rappelé par plusieurs députés, elle ne joue toujours pas son rôle. Elle devrait débattre sur la légitimité de la proposition et dire si la pétition mérite ou non d’être débattue, amendée et votée à l’assemblée. Au lieu de ça, elle continue de se charger de faire elle-même le débat, sans laisser aux députés l’occasion de déposer les amendements qui permettraient de rendre la proposition acceptable à leurs yeux.
Argument 1 – Alourdissement de la charge du Conseil constitutionnel
- …un nombre minimal de 50 000 signatures est requis pour saisir le Conseil constitutionnel de la recevabilité juridique de l’initiative. Si ce seuil constitue une avancée par rapport à la précédente pétition qui ne fixait tout simplement pas de seuil, il demeure néanmoins bien modeste et pourrait représenter un alourdissement important de la charge du Conseil constitutionnel si de telles pétitions devenaient fréquentes.
On commence fort ! La France, 4ème puissance mondiale, n’aurait pas la capacité de donner les moyens à la plus haute juridiction du pays de lire et de statuer sur la conformité de quelques pétitions ?
Si ce seuil est trop faible, il peut être augmenté… C’est une raison pour travailler sur un amendement à la proposition, absolument pas pour classer la pétition. L’argument n’est pas valide.
Une mise en garde toutefois, un seuil de présélection trop haut aurait des effets très néfastes, puisque les citoyens auraient à fournir un gros effort pour la récolte de ces premières signatures avec un risque que ceux-ci aient été faits pour rien en cas d’invalidation par le Conseil constitutionnel.
Argument 2 – Validation implicite dangereuse
- …le contrôle de l’objet de la révision constitutionnelle serait assuré par le Conseil constitutionnel dans un délai de deux mois, à l’issue duquel la proposition serait considérée comme valide. On peut ici encore une fois mesurer la dangerosité de cette validation implicite : si le juge constitutionnel ne se prononçait pas dans ce délai, alors l’initiative serait d’office déclarée recevable, même si elle soulevait des difficultés juridiques importantes. On pourrait imaginer par exemple une pétition proposant une révision constitutionnelle visant à modifier l’article 89 de la Constitution afin de supprimer précisément l’impossibilité d’une révision visant à remettre en cause la forme républicaine du gouvernement.
Le Conseil constitutionnel est-il à ce point surchargé ? Comment imaginer qu’en deux mois, il ne trouve pas le temps de statuer ?
Cette validation d’office en cas de non-réponse est une simple formalité d’usage. Il faut bien qu’il y ait un délai pour que le Conseil ne puisse pas, en refusant de statuer, mettre définitivement de côté les pétitions qui ne lui plaisent pas. Et si passé ce délai, elles étaient invalidées (pratique malheureusement courante dans l’administration française), cela reviendrait à donner au conseil un droit de veto sans justifications. Rappelons que le Conseil constitutionnel est un organe juridique et non politique ! Il doit donc justifier du caractère juridique de ses décisions.
Ici aussi, si ce délai est trop court, il peut être augmenté… C’est une raison pour travailler sur un amendement à la proposition, absolument pas pour classer la pétition. Ce 2ᵉ argument est donc, lui aussi, parfaitement invalide.
Argument 3 – Seuil plus faible que pour le « RIP »
- Une fois le contrôle de l’objet de la révision effectué par le Conseil constitutionnel, la proposition de révision constitutionnelle devrait recueillir un million de signatures dans un délai de 18 mois en vue de l’organisation du référendum. Or, ce seuil serait beaucoup plus faible en comparaison avec le référendum d’initiative partagée, qui est prévu en matière législative à l’article 11 de la Constitution et qui suppose le soutien d’un dixième du corps électoral, soit quasiment 5 millions de citoyens. Les pétitionnaires se sont référés aux propos du président de la République, qui s’est prononcé en faveur de l’abaissement des seuils fixés par l’article 11 afin de permettre l’engagement d’un référendum d’initiative partagée sur une proposition de loi à la demande d’un million de citoyens, contre presque 5 millions aujourd’hui. Nous faisons tous le constat de la difficulté à mettre en œuvre le référendum d’initiative partagée, mais tel est le seuil actuellement prévu par notre Constitution pour les référendums d’initiative partagée, qui concernent la matière législative. De ce point de vue, il ne serait ni cohérent ni adéquat de prévoir un seuil beaucoup plus bas pour une révision constitutionnelle d’origine citoyenne.
Pour résumer, voici ce que nous dit Mme la rapporteure : « Nous avons une procédure d’initiative législative parlementaire dans l’article 11, qui, comme chacun sait, ne fonctionne pas du tout, donc un RIC constituant se doit d’être au moins aussi dysfonctionnel que celle-ci. »
Sans commentaire…
Argument encore moins valide que les deux premiers.
Peut-être serait-il « cohérent et adéquat » de supprimer le Référendum d’Initiative Partagée (qui n’est ni une procédure réellement référendaire, ni une procédure partagée, puisque l’initiative est en fait exclusivement parlementaire) afin de ne pas avoir cette différence de seuil ?
Argument 4 – Risque d’instabilité
- Notre norme suprême doit conserver une forme de stabilité et ne doit être modifiée que d’une main tremblante. Toute modification du texte constitutionnel doit être savamment pensée et pleinement mesurée pour ne pas mettre en péril nos institutions et la garantie des droits fondamentaux. De même, un équilibre doit être trouvé entre la possibilité d’initier une proposition de loi, fût-elle constitutionnelle, pour revigorer la démocratie et le fait de mettre en danger cette même démocratie par le biais de critères trop relâchés.
En comparaison, le risque d’instabilité de la Constitution est bien plus fort du fait des révisions que pourraient mener les alternances des majorités au pouvoir. Le peuple, lui, est stable, c’est le même peuple. Il ne s’altère que par la démographie et donc sur le temps long, contrairement aux majorités qui peuvent basculer du tout au tout, en un clin d’œil, au moment des élections.
Pour la « main tremblante », nous y reviendrons à l’argument 6.
Pour ce qui est de trouver un « équilibre », oui en effet, il faudrait un équilibre, mais surtout entre représentation et démocratie, là où le système actuel est d’un déséquilibre sans nom.
Pour ce qui est des « critères trop relâchés », peut-être faudrait-il arrêter de classer nos pétitions et permettre aux parlementaires de proposer des critères. Nous aimerions beaucoup voir ceux-ci être débattus au sein de nos assemblées.
Même cas que pour les 3 premiers arguments. C’est une raison pour travailler sur un amendement à la proposition, pas pour classer la pétition. L’argument est donc irrecevable.
Argument 5 – Opposition entre représentation nationale et citoyens
- …dans les cas où la révision constitutionnelle serait d’origine présidentielle ou parlementaire, le projet de révision de l’article 89 ici proposé prévoit une exception au principe selon lequel le président de la République peut réunir le Parlement en congrès. En effet, 500 000 citoyens pourraient s’opposer dans un délai de 200 jours à la réunion du Congrès pour entériner une révision constitutionnelle, de sorte qu’un référendum devrait être obligatoirement organisé. Cela reviendrait à permettre à une fraction du peuple seulement de faire obstacle à une révision par la voie parlementaire, ce qui serait tout à fait contraire à l’esprit de notre Constitution en matière de souveraineté nationale et porterait une atteinte sérieuse au droit du Parlement, en opposant représentation nationale et citoyens.
Il faudrait déjà que Mme la rapporteure relise l’article 89 actuel et en comprenne le contenu. Les révisions d’origine parlementaire (appelées propositions) ne peuvent en aucun cas être soumises au Congrès. Seules les révisions d’origine présidentielle (appelées projets) peuvent l’être. Et elles le sont systématiquement tant le pouvoir a peur du peuple. Cette démophobie systémique est telle que les parlementaires ne mènent jamais au bout leurs initiatives de révision, préférant retirer leur proposition au profit d’un projet présidentiel, afin de contourner l’obligation de recourir à la procédure normale, c’est-à-dire le référendum.
En effet, il s’agit de permettre au peuple de pouvoir s’opposer, mais pas de s’opposer à un droit parlementaire ! Il s’agit de pouvoir nous opposer à l’abus, devenu habitude, de l’exécutif de faire appel au Congrès pour contourner la volonté populaire. Il n’est pas acceptable que les citoyens soient ainsi systématiquement éjectés de la procédure, alors que la Constitution prévoit que le Congrès n’est qu’une alternative secondaire à la tenue d’un référendum. Lors de l’examen de la pétition précédente, dans laquelle nous proposions la suppression de la procédure du Congrès, la rapporteure avait prétexté (Argument 2) que le Congrès était nécessaire pour les « révisions qui seraient essentiellement techniques, juridiquement complexes, ou justifiées par la nécessité d’éviter une contradiction avec des traités ou engagements internationaux ». Laissons donc le peuple décider si oui ou non la convocation du Congrès est la bonne solution, au cas par cas.
500 000 signataires, ce n’est pas qu’une « fraction » du peuple. C’est une portion significative du peuple. Et ce ne serait en aucun cas « contraire à l’esprit de notre Constitution en matière de souveraineté nationale », puisque l’article 3 de la Constitution indique que « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum ». Recourir au référendum est donc un moyen d’exercice légitime de cette souveraineté. Ce seuil d’opposition à la convocation du Congrès est en fait une simple mise en cohérence de la Constitution et de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, comme vous l’a très justement rappelé un député. L’article 6 dispose : « La Loi est l’expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. » Ainsi, ce seuil permettrait enfin aux citoyens de décider de laisser le Congrès voter (ce qui n’est que la seconde option prévue à l’article 6 de la DDHC et n’est qu’une simple alternative dans l’article 89 actuel de la Constitution) ou de concourir eux-mêmes à la formation de loi en déclenchant le référendum.
Encore une fois, si ce seuil est trop faible, il peut être augmenté, mais vouloir que le congrès ne puisse pas être empêché, c’est vouloir que les révisions constitutionnelles puissent se faire contre la volonté des citoyens.
En fait, cette manière de revenir à une soi-disant opposition entre représentation nationale et citoyens est une façon de dire qu’il n’y a pas d’argument avouable : la représentation a tous les pouvoirs, donc tout pouvoir donné au peuple serait une opposition.
Cet argument n’est pas invalide, il est tout simplement inexistant. C’est un refus pur et simple de tout principe démocratique. C’est vouloir que le peuple (demos) n’ait aucun pouvoir (kratos).
Argument 6 – Risque de retarder des révisions constitutionnelles
- Le délai de 200 jours fixé pour réunir le nombre de signatures nécessaires aurait aussi pour effet drastique de figer pendant plus de six mois tout processus de révision constitutionnelle par la voie parlementaire dans l’attente de l’exercice de cet éventuel droit d’opposition d’une partie des électeurs. Avec une telle disposition, l’inscription de l’IVG dans la Constitution aurait par exemple pu être sérieusement retardée, voire mise à mal, par des électeurs très minoritaires mais déterminés et organisés dans leur opposition.
Nous y voilà… L’exemple parfait !
Une révision constitutionnelle faite à la hâte — qui plus est, en raison d’une actualité outre-atlantique qui n’avait strictement rien à voir avec la France — et qui est votée en urgence par le Congrès, convoqué par le Président suite à un retrait de la proposition parlementaire, afin (cela a été avoué par tous) d’éviter tout débat public ! Une façon de faire honteuse, totalement contraire aux intentions des constituants de 1958.
Mais où est donc passée la main tremblante de l’argument 4 ?
Quelle était la nécessité de faire cette réforme en urgence ?
L’IVG était déjà dans la loi, 200 jours auraient changé quoi ?
– Rien !
Encore un argument qui n’en est pas un. De plus, en contradiction complète avec les précautions prétextées précédemment.
Argument 7 – Les pétitions ne sont pas faites pour une telle réforme
- …il me semble que le canal des pétitions n’est pas adapté pour engager une telle éventuelle réforme d’ampleur de la Constitution sur des sujets aussi majeurs pour l’équilibre de nos institutions.
Roulement de tambour…
…le dernier argument est…
…un avis personnel sans justification.
Le règlement de l’Assemblée nationale ne fixe aucune limite aux objets des pétitions. En fait, n’ayant pas de réels arguments pour le classement de la pétition, dans sa conclusion, Mme la rapporteure ne trouve rien d’autre à dire. Les pétitions ne sont pas le bon canal.
Pas grand-chose à répondre à ça. Choisissez le canal que vous voudrez, Mme la rapporteure. C’est le fond qui nous intéresse, pas le canal.
Nous en appelons donc à tous les députés, sénateurs et membres de l’exécutif : Ouvrez un canal ! L’agenda parlementaire est à votre disposition pour engager cette réforme d’ampleur de la Constitution sur ce sujet majeur pour l’équilibre de nos institutions.
Nous lançons un appel tout particulier aux députés qui se sont prononcés contre le classement de la pétition et à leurs groupes parlementaires : nous attendons avec impatience que vous utilisiez vos niches parlementaires pour mettre au débat des propositions de loi sur le RIC Constituant. C’est le sujet prioritaire à mettre à l’ordre du jour. Le RIC constituant est la réforme qui permettra par la suite d’engager toutes les autres réformes que vos électeurs attendent.
Conclusion
Comme nous l’avons vu, sur le fond, il n’y a plus vraiment d’arguments. Il fallait bien trouver des choses à dire pour justifier le classement, chipoter un peu sur les chiffres, mais c’est tout. Il n’en ressort qu’un aveu toujours plus flagrant d’une peur viscérale de la démocratie.
Pour ce qui est de ces chiffres, seuils, délais et plus globalement des modalités, nous continuerons d’en proposer, pour que le fameux « dialogue » se poursuive et que le sujet reste sur la table.
Nous souhaitons plus que jamais focaliser le débat politique sur ce sujet fondamental, car le RIC Constituant, c’est la condition sine qua non de la souveraineté populaire !
Comme précédemment, nous resterons intransigeants sur 2 points :
– le RIC Constituant ne doit pas être bridé par des restrictions le rendant inapplicable (comme cela a été fait pour la procédure de référendum d’initiative parlementaire de l’article 11) ;
– Le RIC Constituant doit être une procédure protégée. Les élus ne doivent pas pouvoir la supprimer ou la modifier sans l’accord du peuple.
Factuellement, ces examens en commission ne servent qu’à classer les pétitions pour se débarrasser des volontés des citoyens. Cependant, ce système de pétition a le grand avantage de nous permettre de pousser les groupes parlementaires et députés de cette commission à se prononcer.
Nous poursuivrons donc ce « dialogue » nécessaire avec les institutions pour que la France devienne enfin une démocratie digne de ce nom. Nous continuerons de déposer régulièrement des pétitions. Cela forcera les députés qui s’opposent au RIC constituant à admettre continuellement leur volonté de régner en maîtres absolus, sans que les citoyens puissent intervenir pour décider de ce qui les regarde.
Nous ne perdrons jamais espoir, car :
« Rien n’est plus puissant qu’une idée dont le temps est venu. »
(citation attribuée à Victor Hugo)
Rappelons quelques chiffres, qui se confirment de sondages en sondages :
94% des Français jugent urgent de mener des réformes en France
90% sont favorables à des changements institutionnels
89% trouvent que les politiciens n’agissent pas assez
89% souhaitent que toutes les révisions constitutionnelles soient soumises à référendum
82 % souhaitent pouvoir lancer des référendums sur les sujets de leur choix
88 % pensent qu’il faudrait faire un Référendum si un nombre élevé de gens le demandent
73% sont favorables au RIC constituant
73% sont favorables au RIC avec un seuil de 700 000 signatures
La majorité des soi-disant “représentants” du peuple s’opposent donc aux volontés de l’immense majorité des citoyens !
Éric Poulliat (Renaissance)
- En réduisant le rôle du Parlement, en donnant la possibilité aux citoyens de faire voter un projet de loi constitutionnelle par référendum plutôt qu’au Congrès, ou encore en permettant d’opposer une proposition de révision citoyenne à une contre-proposition parlementaire qui n’aurait elle-même pas besoin d’être adoptée dans les deux Chambres, elle contribue également à affaiblir le rôle de la représentation nationale, en particulier dans sa mission de garde-fou dans le domaine constitutionnel.
M. Poulliat, la proposition ne réduit pas le rôle du Parlement, elle crée un rôle nouveau pour les citoyens, tout en donnant un nouveau pouvoir aux membres du Parlement, celui de pouvoir en appeler à l’arbitrage du peuple en cas de désaccord avec la seconde chambre.
Vous inversez les choses, et cela a le mérite d’éclairer votre façon de penser. Pour vous, c’est la proposition qui s’oppose à la contre-proposition. Pour vous, donner au Parlement un droit de proposer une alternative à la proposition citoyenne, c’est permettre à ces derniers de s’opposer ?
« contre-proposition parlementaire qui n’aurait elle-même pas besoin d’être adoptée dans les deux Chambres »
Euh… non, ce n’est pas dans la proposition !
Celle-ci précise : « Les parlementaires disposent de 24 mois, à compter de la validation de l’initiative, pour déposer une contre-proposition par la procédure de l’alinéa 2 ci-dessus. »
Alinéa 2 qui dit « […] la proposition de révision […] doit être […] voté par les deux assemblées en termes identiques. »
En tout cas, merci pour cette erreur, car votre histoire de garde-fou, une fois n’est pas coutume, suggère que les fous sont soit à l’Assemblée, soit au Sénat, et pour le coup nombreux sont ceux d’entre nous qui ne sont pas loin de le penser également.
- Sous des apparences de vouloir renforcer le pouvoir des citoyens, la pétition aurait principalement pour effet d’effacer la démocratie représentative dans une nouvelle procédure où le citoyen et le pouvoir exécutif se feraient face. Ce n’est pas notre conception de la République et de la démocratie.
Des « apparences de vouloir » ? Non, cette proposition donne réellement du pouvoir aux citoyens, contrairement à l’ensemble du reste de la Constitution qui en effet, sous « des apparences » de démocratie, ne fait que priver les citoyens de tout pouvoir. Et il ne s’agit pas de « renforcer » le pouvoir des citoyens, mais d’en créer un, puisqu’ils n’en ont actuellement aucun. Élire des maîtres n’étant pas un « pouvoir », mais tout au plus un droit !
« effacer la démocratie représentative dans une nouvelle procédure où le citoyen et le pouvoir exécutif se feraient face »
C’était là la volonté de De Gaulle, le chef de l’exécutif, qui par deux fois a utilisé l’article 11 pour se mettre face aux citoyens. Courage que vous n’avez visiblement pas, et que les successeurs du Général jusqu’à votre cher Emmanuel Macron n’ont pas eu non plus. Le régime présidentiel tirait sa légitimité de là. Ne vous étonnez pas qu’il n’en ait plus.
Béatrice Roullaud (Rassemblement National)
- La Constitution doit être un socle solide et pérenne, garant de l’équilibre des pouvoirs et du fonctionnement harmonieux de nos institutions. Elle ne saurait être soumise aux aléas de l’opinion publique ou à des intérêts particuliers.
Nous sommes favorables au référendum d’initiative citoyenne uniquement en ce qui concerne la loi ordinaire qui régit notre quotidien, mais pas pour des lois organiques qui régissent nos institutions. On ne peut en effet placer ces deux types de lois sur le même plan. Celles qui organisent nos institutions requièrent une expertise et de la mesure, car elles sont faites pour durer. C’est la raison pour laquelle l’initiative de leur modification doit être réservée à des élus ou au chef de l’État.
Où avez-vous vu, Mme Roullaud, des aléas de l’opinion publique dans les pays qui disposent du RIC Constituant ? D’ailleurs savez-vous quels pays en disposent ? Vous ne savez même pas que les lois constitutionnelles ne sont pas des lois organiques et qu’en France, bien qu’ayant des fonctions différentes, les lois ordinaires et organiques sont sur le même plan, à savoir le bloc législatif et que leur procédure est identique.
Les intérêts particuliers, c’est vous qui les représentez. Vos intérêts de caste tout d’abord, ceux d’une classe politique hors sol qui se vote des augmentations pendant qu’elle appauvrit le peuple. Puis, les intérêts de ceux qui vous financent, et des lobbies qui vous sollicitent. Le peuple, à l’inverse, est le meilleur représentant de l’intérêt général.
Au moins les choses sont claires, le Rassemblement National a choisi le camp du système. Vous avez gagné une partie de l’électorat populaire, mais il ne vous est pas acquis et votre position actuelle sur la souveraineté populaire pourrait vous le faire perdre définitivement. Votre attachement à la stabilité du système faisant de vous des candidats du système.
À trop vouloir se rapprocher du soleil, on se brûle les ailes !
Mathilde Desjonquères (Démocrate)
- Par rapport à la dernière fois, des modifications effectivement ont été apportées. Le Parlement est intégré, mais dans un dispositif qui tend à opposer le Parlement et les citoyens, ceci dans un schéma de surenchère l’un envers l’autre. Cette pétition est aussi restrictive dans la mesure où elle ne permet pas au Parlement d’amender le texte soumis au référendum.
Vous vous êtes passé le mot sur cette supposée opposition ? À moins que ce ne soit que le révélateur de votre pensée commune : tout pouvoir populaire est une opposition à nos pleins pouvoirs. Sous cet angle, vous n’avez pas tort. Et il est grand temps que vous appreniez à partager. Vous devez être au service du peuple et non l’inverse.
Où est le schéma de surenchère dans le fait de permettre au Parlement de proposer des alternatives aux initiatives citoyennes ? C’est vous qui créez des oppositions là où il n’y en a pas.
Mme Desjonquères, non, dans une initiative citoyenne, on ne peut pas permettre au Parlement d’amender le texte. Sinon ce n’est plus une initiative citoyenne ! Mais c’est là votre souhait : une procédure qui s’appellerait initiative citoyenne, mais où le Parlement aurait le dernier mot. À la rigueur, il serait pensable que le Parlement puisse soumettre à référendum une version amendée du texte. Et c’est justement ce que nous avons proposé.
Un dernier mot : la supercherie ne fait aucun effet. Changez le nom de votre groupe parlementaire, c’est ridicule !
Philippe Pradal (Horizons et apparentés)
- En effet, si nous saluons l’effort des auteurs de tenir compte des remarques précédemment soulevées en commission, nous demeurons d’une part convaincus que la question fait déjà l’objet de nombreux débats dans l’hémicycle et d’autre part que les dispositions qu’elle contient ne sont pas opportunes.
De nombreux débats dans l’hémicycle M. Pradal ? Sur le RIC Constituant ? Merci de nous dire sous quelle législature et de nous spécifier le numéro des propositions de loi. On ne sait jamais, peut-être que par le plus grand des hasards, cela a échappé à l’ensemble des spécialistes de la question.
- Les constituants de 1958 ont fait le choix d’une démocratie représentative mettant en jeu une majorité et une opposition qui permet de relayer et structurer les débats qui animent notre société, selon des procédures claires et surtout un mode de désignation qui assoit la légitimité de ceux qui font la loi : le suffrage universel direct. Le groupe Horizons et apparentés est convaincu qu’on ne saurait opposer les souverainetés. C’est ce que suggère finalement cette pétition. Le Congrès aurait une moindre légitimité à se prononcer sur une révision constitutionnelle que celle du peuple directement.
Non, les constituants de 58, comme ceux de 1789, ont fait le choix du gouvernement représentatif, car ils avaient la démocratie en horreur. Ils n’en voulaient pas. Et vous n’en voulez toujours pas. Vous avez peur du peuple M. Pradal.
Le suffrage universel direct, précisons uninominal à deux tours, qui a de nombreux défauts, n’est vrai que pour l’Assemblée nationale et les élections locales. La candidature à la présidentielle est soumise à un aberrant système de présélection par des parrainages, il est donc partiellement direct. L’élection des sénateurs est, quant à elle, totalement indirecte.
Il ne s’agit pas d’opposer les souverainetés. « La souveraineté nationale appartient au peuple » M. Pradal, article 3 de la Constitution. Les représentants ne sont qu’un des moyens de l’exercice de cette souveraineté unique. Il n’y a rien à opposer. Il y a juste à arrêter de vouloir voler au peuple ce qui lui appartient.
Quelle sera la suite ?
Nous sommes actuellement en discussion sur la prochaine pétition qui sera déposée sur le site de l’Assemblée.
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